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Introduction et présidence du panel « Faits stylisés de la globalisation et de l’inflation mondiale »

Intervention de Jean-Claude Trichet, Président de la BCE
au Colloque international « Globalisation, inflation et politique monétaire » organisé par la Banque de France
Paris, le 7 mars 2008

Je tiens tout d’abord à remercier les organisateurs de ce colloque international de la Banque de France de m’avoir invité à présider le panel sur les « faits stylisés de la globalisation et de l’inflation mondiale ». C’est un grand plaisir pour moi de pouvoir participer à ce panel dans la mesure où les discussions relatives à la conduite de la politique monétaire dans une économie mondialisée sont partie intégrante de l’analyse et des études et recherches sur la politique monétaire menées à la BCE.

Nous avons la chance aujourd’hui d’accueillir parmi nous le professeur Kenneth Rogoff qui traitera de la mondialisation et de la politique monétaire en offrant une vue d’ensemble puis en examinant certaines questions apparues récemment. Kenneth Rogoff a effectué des recherches remarquables en macroéconomie internationale et en politique monétaire. Il est par conséquent l’intervenant idéal pour la présentation de ce matin. Kenneth Rogoff a débuté sa carrière à la Réserve fédérale américaine. Par la suite chef économiste et directeur de recherche au FMI, il est désormais professeur à l’Université d’Harvard.

Richard Fisher sera le premier intervenant. Richard Fisher, représentant adjoint des États-Unis pour les questions commerciales entre 1997 et 2001, est désormais président de la Réserve fédérale de Dallas. Notre deuxième orateur sera John Lipsky, chef économiste et vice-président de JPMorgan avant de devenir Premier Directeur général adjoint du FMI. Le professeur Philippe Martin prendra ensuite la parole. Philippe Martin, dont les recherches en macroéconomie internationale ont été publiées dans un grand nombre de revues de renom, est professeur à l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne et membre de l’Institut.

Je me réjouis d’écouter les interventions d’un panel aussi prestigieux dans le débat en cours, qui concerne les liens entre la mondialisation et l’inflation. Au cours des quinze dernières années, le monde a connu une réduction notable et continue du niveau de l’inflation, qui a coïncidé avec l’avènement de l’économie mondialisée. Il est par conséquent normal de se demander si la mondialisation a constitué l’un des principaux facteurs de modération des prix. Avec le développement du commerce mondial, les pressions concurrentielles exercées par les pays à faibles coûts de production ont effectivement contribué à la maîtrise des prix et des salaires, notamment dans le secteur manufacturier. Les pressions en faveur de l’innovation ont aussi probablement stimulé la productivité, avec des effets bénéfiques sur l’inflation.

La question est donc de savoir si ces canaux ont effectivement engendré la récente modération des prix et, dans l’affirmative, s’ils sont susceptibles de conserver à l’avenir ce rôle stabilisateur. La flambée actuelle des cours des matières premières, y compris celle plus récente des produits alimentaires, qui s’explique notamment par l’incapacité de l’offre à répondre à la demande accrue en provenance des pays émergents, nous rappelle que la mondialisation peut également entraîner des risques à la hausse pour l’inflation mondiale. Par ailleurs, les événements mondiaux pourraient devenir un facteur important de hausse de l’inflation et affecter ainsi la conduite de la politique monétaire. Il se pourrait par exemple que le lien traditionnel entre l’inflation et les variables « nationales », notamment le niveau du chômage, soit devenu caduc dans un monde où les pays émergents en Asie et les anciens pays communistes offrent une quantité de main-d’œuvre considérable et à un faible coût.

S’il est encore difficile de tirer des conclusions définitives sur les effets généraux de la mondialisation, l’évolution la plus récente des prix à l’importation des produits manufacturés indique que la mondialisation continue d’exercer un effet modérateur sur la hausse des prix des produits manufacturés. Premièrement, la hausse des prix à l’importation des produits manufacturés hors zone euro, provenant des pays à faibles coûts de production, demeure inférieure à la hausse moyenne des prix à l’importation en provenance d’autres partenaires commerciaux de la zone euro. Deuxièmement, les niveaux des prix des importations en provenance des pays à faibles coûts de production demeurant nettement inférieurs à ceux des importations provenant des pays à coûts élevés, l’ampleur et la persistance de l’effet modérateur sur les prix des biens importés dans la zone euro dépendent essentiellement de l’« effet-volume ». Bien que certains signes indiquent un affaiblissement de cet effet, la part des importations en provenance des pays à faibles coûts dans la zone euro n’a cessé d’augmenter.

Un grand nombre d’autres défis peuvent être mentionnés. La mondialisation est liée à d’éventuelles modifications significatives de l’offre et de la demande, dont il est difficile d’évaluer la part structurelle. La réalisation progressive de l’intégration financière mondiale a créé un ensemble de réseaux sophistiqués qui crée une relation d’interdépendance entre les marchés, les catégories d’actifs et les établissements financiers à travers le monde. Au sein de l’Eurosystème, nous surveillons très attentivement la forte correction en cours des marchés observée depuis le milieu de l’année dernière, prenant en compte toutes les conséquences possibles, y compris pour l'inflation. À terme, il est possible que la mondialisation exerce sur l’inflation des incidences indirectes complexes qui aillent au-delà des liens traditionnels que je viens de mentionner.

Je me réjouis de connaître votre opinion sur toutes ces questions.

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